27 avril 2011

Arrachage dans le muscadet


Ce n’est qu’un dégât collatéral d’une grave crise de surproduction du muscadet qui frappe douloureusement le vignoble nantais. Sous le printemps précoce et sans beaucoup d’échos, des milliers d’hectares d’un vignoble plusieurs fois centenaire, sont en cours d’arrachage. Un drame économique et humain pour beaucoup de viticulteurs, certains jeunes et endettés, qui doivent abandonner un métier qu’ils aiment et se reconvertir dans un contexte difficile et aléatoire.
Le spectacle de ces engins mécaniques qui arrachent des vignes installées là depuis des décennies laissant une terre retournée, encombrée de ceps et de sarments, est poignant. Le processus s’est considérablement accéléré ces derniers temps puisque l’échéance est l’automne 2011. Les plus belles parcelles sont touchées. La traversée du vignoble, de Vertou à Clisson, de Nantes à Vallet et ailleurs, permet de mesurer l’atteinte irréversible portée à des paysages parmi les plus agréables et pittoresques du département. Le magnifique coteau de Saint Fiacre présenté si souvent sur les affiches, reste préservé pour le moment, mais pour combien de temps ? Là où à perte de vue, s’étalait une campagne ordonnée, ouverte, sans clôture, qui dans la belle harmonie d’un relief varié, suivait le rythme et les couleurs des saisons, apparaissent désormais en grand nombre, des friches sauvages, des boisements spontanés, des prairies clôturées.
C’est tout un cadre de vie qui se transforme et se dégrade, un patrimoine qui est atteint. L’on ne mesure sans doute pas encore l’impact de ce choc. On ne peut s’empêcher de penser à Julien Gracq si attaché à sa région, qui écrivait : « Quand on va du nord au sud de la Loire, bien qu’on reste dans la région du schiste et du bocage, on change en réalité de pays…et même de manière villageoise de vivre et de philosopher ».Le vignoble est douloureusement atteint dans son identité. La dimension humaine et patrimoniale de cette opération a-t-elle été estimée et prise en compte ?

Paru dans le Forum Ouest-France Nantes le 27 avril 2011 et dans Presse Océan le vendredi 30 avril 2011 et dans l'Hebdo Sèvre et Maine le jeudi 5 mai

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25 avril 2011

Marie-France Pisier, l'anti vulgarité

Marie France Pisier qui vient de disparaître tragiquement avait une distinction, une classe naturelle, une qualité d'expression et une voix captivante, qui m'ont toujours séduits. Avec elle on était en agréable compagnie, sans arrogance, avec simplicité et courtoisie à l'égard de tous. Tout un contexte qui trop souvent fait défaut aujourd'hui. Quelle tristesse et quel symbole que l'on ait donné au dernier film dans lequel elle apparaît en 2010, le titre lamentable " Il reste du jambon ?" .
Au même moment est affiché sur les bus de la ville une pub pour un film américain bientôt sur les écrans représentant le maillot rouge d'un bikini vue de dos plutôt sexy et deux garçons l'air intéressé avec ce titre " Bon à tirer "...

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17 avril 2011

Jérôme Bouvier et les médias





Vendredi 15 avril Jérôme Bouvier était l'invité de l'OUM - Observatoire des médias de l'université permanente de Nantes, que j'anime - pour parler de sa mission de médiateur de Radio France, de l'animation des assises internationales du journalisme, qu'il a créé, et du journalisme en général et à la radio en particulier. Exposé bien structuré d'une vingtaine de minutes( son fil conducteur tenait sur une carte de visite !) passionnant, concret, qui a permis de nombreux échanges avec la salle, qui selon Jérôme Bouvier était bien représentative des cauditeurs de Radio France.
Illustrations

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13 avril 2011

Françafrique, la " gousse d'ail" des journalistes

Simplification, ignorance, paresse, les travers souvent relevés des grands médias audiovisuels, se retrouvent bien dans le dossier ivoirien. Sitôt qu'on évoque le rôle de la France en Côte d'Ivoire, presque tous les journalistes sortent le cliché de la Françafrique qui n'est jamais explicité mais qui est sorti de la poche tel la "gousse d'ail" pour exorciser les vampires et autres malfaisants, en l'occurrence la France colonialiste ou néo-colonialiste, coupable de tous les maux.On ne se soucie pas du sort des 15 000 Français présents à Abidjan, du climat de terreur qui règne depuis des mois dans plusieurs quartiers de la ville, de la résolution 1975 de l'ONU, de la situation politique ivoirienne depuis 20 ans, de l'usurpation du pouvoir de Laurent Gbagbo ( un quinquennat de 10 ans !), de la diversification des partenariats économiques, de la belle croissance de plusieurs régions d'Afrique qui se démocratisent, etc : autant d'aspects qui sont passés sous silence.

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11 avril 2011

Côte d'Ivoire: une page d'histoire

C'est sur Internet cet après midi que j'ai appris les bonnes nouvelles de Côte d'Ivoire. OUF ! Une grande étape est accomplie, même si selon la citation" Enfin les difficultés commencent". J'ai trouvé, qu'à chaud, les médias français se sont plutôt bien comportés, même si dans un premier temps, notamment sur i-télé ou France 24, il fallait bien sûr que ce soit les forces françaises qui avaient arrêté Gbagbo et non les ivoiriens ( nous avons bien entendu participé, mais les formes sont importantes et je crois que tout le monde se félicite du résultat). Agacement aussi ce soir sur I-télé où l'on passait en boucle l'arrivée à l'hotel du golf, d'un partisan de Gbagbo apparemment blanc qui avait pris des coups sur la tête. C'est regrettable mais bien peu de choses à côté de toutes les exécutions sommaires des derniers mois ( combien d'ivoiriens brulés vifs avec un pneu autour du corps...)
Dans les commentaires et interviews sur les médias nous avons échappé au délire négationniste de Vergès, que je m'étais obligé à écouter dimanche matin sur Europe 1: la mauvaise foi et le mensonge à ce niveau, c'est presque un art ! Dominique Souchier n'était pas dupe, et pas particulièrement complaisant, mais quel besoin avait-il de l'inviter pour la promotion de son bouquin ?

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Côte d'Ivoire : le mauvais exemple


Paru dans Presse Océan le 11 avril :

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9 avril 2011

Ouest France Nantes : la pudeur


Lundi 4 avril, Presse Océan et Ouest France se font l'écho du conseil municipal de Nantes du 1er avril au cours duquel à été discuté le budget 2011.
Lecture comparée des deux journaux à propos du budget de fonctionnement et des recrutements. Ou les pudeurs et la réserve de Ouest France...

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8 avril 2011

Vol Rio Paris; l'efficacité américaine

En quelques semaines une société américaine a localisé l'épave de l'Airbus Rio Paris - vol AF 414 - perdu dans l'Atlantique depuis plus de deux ans. Le Bureau d'Enquêtes et de Recherches français a travaillé pendant toute cette période sur des hypothèses complexes pour retrouver cette épave à partir des courants sur la zone et de multiples paramètres qui lui faisaient écarter l'hypothèse d'une localisation au plus près de la zone où avait été perçu le dernier contact radio. C'est là que les Américains, pragmatiques, ont débuté leurs recherches, estimant à partir de balises et expériences sur la zone que les paramètres retenus par le BER n'étaient pas probants. Et c'est dans cette zone limitée qu'en trois semaines ils ont retrouvé l'épave pas du tout désintégrée et dans laquelle se trouveraient des corps de passagers.On pourrait dire deux ans de perdus et un coût considérable.
Belle leçon d'efficacité et de pragmatisme des Américains champions pour trouver des solutions pratiques et rapides, alors que de notre côté nous sommes très bons pour analyser, décortiquer, faire un grand nombre d'hypothèses, pour au total, un résultat décevant. Question de culture !

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5 avril 2011

Côte d'Ivoire : la résolution 1975 de l'ONU


La lagune vers Cocody et l'hotel Ivoire en 1972 ( vue de l'appartement
Résolution 1975 des Nations unies adoptée à l’unanimité.
........Extraits

1. Exhorte toutes les parties et tous acteurs ivoiriens à respecter la volonté du peuple et l’élection d’Alassane Dramane Ouattara à la présidence de la Côte d’Ivoire, qu’ont reconnue la CEDEAO, l’Union africaine et le reste de la communauté internationale, se déclare profondément préoccupé par la récente escalade de violence et exige qu’il soit immédiatement mis fin à la violence à
l’encontre des civils, dont les femmes, les enfants et les déplacés;
2. Demande à toutes les parties d’œuvrer à la solution politique d’ensemble de l’Union africaine et, à cet égard, se félicite de la décision prise le 10 mars par le Sommet du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine de nommer un hautreprésentant chargé de la mise en œuvre de la solution politique d’ensemble et engage toutes les parties à coopérer pleinement avec lui;
3. Condamne la décision de M. Laurent Gbagbo de ne pas accepter la solution politique globale proposée par le Groupe de haut niveau créé par l’Union africaine, et l’exhorte à se retirer immédiatement;
4. Demande instamment à toutes les institutions d’État ivoiriennes, notamment les Forces de défense et de sécurité de la Côte d’Ivoire (FDS-CI), de se soumettre à l’autorité que le peuple ivoirien a conférée au Président Alassane Dramane Ouattara, condamne les attaques, les menaces, les actes d’obstruction et de violence perpétrés par les FDS-CI, les milices et les mercenaires contre le personnel des Nations Unies, qu’ils empêchent de protéger les civils, de constater les exactions et les violations des droits de l’homme et d’aider à mener les enquêtes à ce sujet, souligne que les personnes responsables de ces crimes au regard du droit international doivent répondre de leurs actes et engage toutes les parties, en particulier les partisans et les forces de M. Gbagbo, à coopérer pleinement avec l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) et à cesser d’entraver les activités que l’ONUCI mène en exécution de son mandat;
5. Redit qu’il condamne fermement tous les actes de violence perpétrés à l’encontre de civils, notamment les femmes, les enfants, les déplacés et les ressortissants étrangers, ainsi que les autres violations des droits de l’homme, en particulier les disparitions forcées, les exécutions extrajudiciaires, le meurtre et les mutilations d’enfants et les viols et autres formes de violence sexuelle;
6. Rappelle, tout en soulignant qu’il l’a assurée de son plein appui à cet égard, qu’il a autorisé l’ONUCI, dans le cadre de l’exécution impartiale de son mandat, à utiliser tous les moyens nécessaires pour s’acquitter de la tâche qui lui incombe de protéger les civils menacés d’actes de violence physique imminente, dans la limite de ses capacités et dans ses zones de déploiement, y compris pour empêcher l’utilisation d’armes lourdes contre la population civile, et prie le Secrétaire général de le tenir informé de manière urgente des mesures prises et des efforts faits à cet égard;
7. Demande à toutes les parties de coopérer pleinement aux opérations de l’ONUCI et des forces françaises qui la soutiennent, notamment en garantissant leur sécurité et leur liberté de circulation avec accès immédiat et sans entrave sur tout le territoire de la Côte d’Ivoire afin de leur permettre d’accomplir pleinement leur mission;
8. Engage toutes les parties à coopérer pleinement avec la commission d’enquête internationale indépendante chargée par le Conseil des droits de l’homme le 25 mars 2011 d’enquêter sur les faits et circonstances entourant les allégations de graves violations des droits de l’homme perpétrées en Côte d’Ivoire à la suite de l’élection présidentielle du 28 novembre 2010, et prie le Secrétaire général de lui communiquer ce rapport, ainsi qu’à d’autres organismes internationaux compétents;
9. Condamne l’utilisation de la Radiodiffusion Télévision Ivoirienne (RTI) et d’autres médias pour inciter à la discrimination, à l’hostilité, à la haine et à la violence, y compris contre l’ONUCI, ainsi que les actes d’intimidation et de violence à l’encontre de journalistes, et demande la levée de toutes les restrictions imposées à l’exercice du droit à la liberté d’expression en Côte d’Ivoire;
10. Se déclare vivement préoccupé par le nombre croissant de déplacés et de réfugiés ivoiriens, en particulier au Libéria, du fait de la crise en Côte d’Ivoire, et exhorte toutes les parties ivoiriennes à coopérer pleinement avec les organismes des Nations Unies et les autres acteurs qui s’emploient à améliorer l’acheminement de l’aide humanitaire destinée aux réfugiés et aux déplacés;
11. Réaffirme son exigence formulée de longue date tendant à voir M. Laurent Gbagbo lever le siège du Golf Hotel sans délai;
12. Décide d’adopter des sanctions ciblées à l’encontre des personnes qui répondent aux critères établis dans la résolution 1572 (2004) et les résolutions postérieures, notamment les personnes qui font obstacle à la paix et à la réconciliation en Côte d’Ivoire et aux activités de l’ONUCI et des autres acteurs internationaux en Côte d’Ivoire et qui commettent de graves violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire, décide en conséquence que les personnes figurant sur la liste à l’annexe I de la présente résolution seront soumises aux mesures concernant les opérations financières et les voyages imposées aux paragraphes 9 et 11 de la résolution 1572 (2004), et réaffirme son intention d’envisager d’autres mesures, selon qu’il conviendra, y compris des sanctions ciblées contre les membres des médias qui répondent aux critères établis pour ces sanctions, notamment en incitant publiquement à la haine et à la violence;
13. Décide de rester activement saisi de la question.
En annexe sont listés les personnalités concernées par les sanctions ciblées :
Laurent Gbagbo, ancien président de la Côte d’Ivoire, pour obstruction au processus de paix et de réconciliation et rejet des résultats de l’élection présidentielle.
Simone Gbagbo, présidente du groupe parlementaire du Front populaire ivoirien (FPI), pour obstruction au processus de paix et de réconciliation ainsi qu'incitation publique à la haine et à la violence.
Désiré Tagro, secrétaire général du "Cabinet présidentiel" de M. Gbagbo pour participation au gouvernement illégitime de M. Gbagbo, obstruction au processus de paix et de réconciliation, rejet des résultats de l’élection présidentielle et implication dans la répression violente de mouvements populaires.
Pascal Affi N’Guessan, président du Front populaire ivoirien (FPI) pour obstruction au processus de paix et de réconciliation ainsi qu'incitation à la haine et à la violence.
Alcide Djédjé, proche conseiller de M. Gbagbo pour participation au gouvernement illégitime de M. Gbagbo, obstruction au processus de paix et de réconciliation et incitation publique à la haine et à la violence.

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3 avril 2011

Claude Sérillon : le nantais invité de l'OUM





1er avril ensoleillé à Nantes pour accueillir Claude Sérillon, invité de l'Observatoire universitaire des médias de l'université permanente. Conférence débat très ouverte, interactive, sur le rôle la responsabilité des journalistes et particulièrement des journalistes télé. Je reviendrais sur la conférence, mais je voulais d'emblée - on en a beaucoup parlé vendredi dernier - revenir sur le très beau texte, lucide, sans faux fuyants, publié par Claude Sérillon dans Le Monde en mai 1993 quelques jours après le suicide de Pierre Bérégovoy.
Extraits

JE ne suis pas innocent. Je suis journaliste depuis suffisamment de temps pour ne pas méconnaître la responsabilité collective.
Prenons au pied des lettres l'avertissement. Par une curieuse coïncidence, depuis peu d'années, des magistrats et des journalistes semblent se réunir pour animer l'actualité et se placer en redoutables arbitres de ce qui est bien, de ce qui est mal, de ce qu'il convient de dénoncer et de ce qu'il faut absolument penser. Travaillant en duettistes parfois, ils alimentent tout autant leurs dossiers d'instruction que leurs colonnes ou leurs minutes de comptes rendus radiotélévisés. Tous les deux également le font, du moins officiellement pour le service du public : les juges siègent au nom du peuple français, les journalistes sont là, rappellent-ils, pour contenter le droit naturel du public d'être informé. Tous les deux (mais surtout et de façon indiscutable les magistrats) n'ont rien ou presque rien à craindre. Quelle sanction, en effet, pour des journalistes qui, passant leur temps à s'auto-informer, provoquent, même involontairement, des drames, quelle sanction pour un juge qui se trompe, qui persiste dans l'erreur et laisse ainsi des femmes et des hommes en prison, mourir, parfois. Pour ces derniers, l'appréciation se fera en interne et, pour les premiers, la chimère d'un Conseil de l'ordre présente plus de dangers que d'intérêt.
Il est bien instructif de lire l'ouvrage réalisé sous la férule de Pierre Bourdieu relatant la misère du monde et donnant la parole à des Français, des gens simples des " gens de peu ". La machine médiatique (assurément plus celle de l'audiovisuel mais sans qu'il soit juste de dédouanner les quotidiens ou magazines de presse écrite quels qu'ils soient) ne s'en préoccupe guère puisqu'ils ne font pas partie du cercle. Les journalistes sont essentiellement voyeurs de leur monde, de celui qu'ils lisent sur d'autres supports, de celui qui leur est transmis par des satellites par d'autres journalistes. Il en résulte un vertigineux enchaînement interrompu quelquefois par une catastrophe, des flots de sang ou encore, au hasard, un cri humain perdu ! A l'intérieur de ce cercle, les hommes politiques, les activistes militants, les femmes et les hommes de pouvoir, prisonniers volontaires du spectacle public, puisqu'il n'y a apparemment pas d'autres moyens de faire savoir ce que l'on croit. Et comme leurs paroles ou leurs actes ne suffisent plus à faire monter l'audience, ils sont désormais désarmés face à des coalitions perverses d'hommes de presse et d'hommes de loi. Les obligations du marché alliées aux obsessions de l'indépendance. Mais de quelle indépendance s'agit-il ? En tout cas, pas celle de l'esprit ni celle de la connaissance. On craint qu'il ne soit question que de la protection de son corps professionnel ou de la rentabilité de son produit journalistique.
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Petit à petit (au bénéfice du doute), les journalistes se sont pris au jeu de l'exercice du contrôle des pouvoirs et se désignent avec une belle et redoutable assurance comme les pesons d'une balance où les hommes jugés n'ont d'autres ressources que le silence s'ils veulent au minimum survivre, au risque d'être définitivement pressentis délinquants voire criminels. On objectera non sans raison que la vie publique est dure, que les petits malins grouillent dans tous les camps, qu'il est nécessaire que la presse soit un contre-pouvoir. Mais au nom de quelle morale commerciale ou culturelle en est-on arrivé à jeter en pâture " aux chiens ", comme le dit le président de la République, mais plus généralement à l'opinion publique (cette catin, selon l'expression de Me Moro Giafferi, " qui n'a pas sa place dans une enceinte de justice "), qui n'en demande à vrai dire pas tant. Si nous avions un peu plus souvent la pertinence de la modestie, du respect d'un secret d'instruction (et se retrouvent là juges et journalistes complices du débordement), je gage que des tourments personnels comme ceux du jeune maire Yves Laurent (maire PS de Saint-Sébastien-sur-Loire), dont le nom fut cité dans l'affaire Trajer par plusieurs journaux et qui se donna la mort en septembre 91) et du vieux militant Pierre Bérégovoy auraient connu une autre fin.
C'est à chacun d'entre nous, porteur d'une carte de presse et, pardon d'y revenir pour ceux et celles qui y voient un outrage à la justice, aux magistrats d'y songer. Il ne suffira pas de hausser les épaules ou pis encore de dresser un partage entre les uns plus coupables que les autres pour quitter ces marécages. A proportion du nombre de personnes qui nous lisent ou nous regardent, les exigences sont terribles. Peut-être avons-nous cru que rendre compte d'une information pouvait aisément flirter avec un système fondé sur des photocopies, des on-dit, des rapports dérobés. Je ne crois pas que nous ayons pour fonction de séparer le bon grain de l'ivraie. Notre emploi n'est pas au-dessus des autres. Il ne saurait y avoir des journalistes (des juges) et puis le reste du peuple auquel on montre, comme à la foire, ses élus. Juger, c'est déjà ne pas comprendre, m'en souvient-il. Et si nous reprenions tout simplement un travail d'explication, sans chercher à plaire ou à déplaire, à faire ou à défaire, à détruire ou à donner des conseils, en respectant une hiérarchie d'information ? C'est-à-dire en éclairant des événements qui n'ont pas tous la même importance mais qui, mis les uns àcôté des autres, donnent aux citoyens toutes les capacités, pour eux et pour eux seulement, d'apprécier la vie des hommes, petits ou grands, qui leur ressemblent.
SERILLON CLAUDE
+ Photos de Claude Sérillon à Nantes

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