28 novembre 2016

Fillon, et le programme commun

François Fillon a gagné haut la main, la primaire de la droite et du centre. Personne, même pas lui-même, n'imaginait un écart aussi spectaculaire au second tour. Personne n'avait imaginé que Alain Juppé s'effondrerait aussi rapidement après  que l'hypothèse Sarkozy ait été écartée. Comme si le film s'était accéléré dans les deux dernières semaines, pour faire apparaître un scénario voulu par plus de deux millions d'électeurs.
François Fillon a gagné parce qu'il a fait campagne depuis longtemps dans l'ombre et en dessous des radars des médias. Il a établi un programme détaillé, solide, culotté, qui est d'abord apparu pour ses électeurs, comme un programme bien marqué à droite. Ce n'est pas une nouveauté que pour gagner une élection interne, il faut à droite comme à gauche, un programme et - au moins - un discours, qui soit fortement marqué du côté de son "identité" politique. Fillon a été clair là-dessus, Juppé a fait le contraire, à son détriment.
Ce programme est aujourd'hui fortement critiqué et jugé irréaliste. Il mettrait la France quasiment en guerre civile. Sans me prononcer sur le fond, je ne peux m'empêcher de penser au programme commun de la gauche, fruit d'un accord entre le parti socialiste et le parti communiste, avant 1981, qui était un véritable épouvantail pour tous les milieux économiques. C'était explicitement le temps de"  la rupture avec le capitalisme" . Cela n'a pas empêché François Mitterrand de gagner en 1981, la gauche toute entière s'étant mobilisée sans défaillance. La stratégie de conquête du pouvoir s'est avérée payante. Des ajustements - notamment en 1983 - ont été nécessaires...On peut penser que François Fillon ne fera pas du "copié, collé" avec son programme.
Malgré sa longue carrière politique, François Fillon est apparu comme un homme neuf dans une élection où trop de candidats étaient marqués. Sarkozy trop revanchard, Juppé trop dilettante, Lemaire trop tranparent, NKM trop parisienne...On a l'impression qu'après des choix négatifs, beaucoup d'électeurs se sont dit comme l'inspecteur Bourrel " Fillon ? Bon sang ! mais c'est bien sûr !"Sa candidature leur est apparue comme une évidence.

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22 novembre 2016

Fillon élu au 1er tour ...




A propos de primaires de la droite et du centre - auxquelles je n’ai pas participé - plusieurs constats :
1 – Selon les sondages de sortie des urnes, 15% des participants à la primaire seraient des électeurs de gauche, soit 600 000 électeurs, qui avaient comme principale préoccupation d’éliminer Sarkozy – ce qui a été fait – en votant essentiellement pour Juppé. Si ces électeurs «  intrus » avaient fait défaut, il est vraisemblable, qu’avec 3 400 000 votants en tout au lieu de 4 000 000 mais en gardant ses électeurs fidèles,  Fillon aurait dépassé les 50% de votants et aurait été élu au premier tour…
2 – Les sondages ne se sont pas totalement plantés dans la mesure où ils ont relevé le fort retour de Fillon dans la dernière phase de la campagne. Mais, au mieux, c’était simplement pour le mettre dans le trio de tête au même niveau que Juppé et Sarkozy, sans voir l’accélération qui se dessinait.
3 – Les grands médias avaient depuis des mois installé le duel Juppé Sarkozy au centre de l’actualité, avec Juppé futur président. Ce dernier a été en permanence félicité pour son attitude «  présidentielle » distanciée, notamment dans les débats télé entre les candidats. Ils l’ont plombé. Peu à l’écoute des électeurs concernés, ils n’ont rien perçu des réflexes anti-Sarkozy dans la droite, du fort désir d’alternance de ces mêmes électeurs, et d’un ancrage sociétal peu sensible à la petite musique «  moderniste » de ses éditorialistes.
4 – Fillon a beaucoup marqué par ses prestations télévisées particulièrement bien préparées. Il a notamment séduit son électorat dans le dernier débat en refusant à Pujadas de faire le buzz  pour l’audience par des polémiques avec les autres candidats. Le recadrage par Fillon mettant en avant le sérieux et l’importance du débat en cours, lui a certainement fait gagner des voix.Comme il l'avait fait dans une autre émission face à la jeune humoriste belge Charline Vanhoenacker.
5 – Au-delà des programmes des deux challengers qui vont être au centre de la campagne cette semaine, je pense que les électeurs de droite comme demain ceux de gauche, sont et seront à la recherche d’une personnalité identifiable d’emblée comme un « vrai président » solide, équilibré, réformateur, sachant décidé, ayant confiance dans le pays et inspirant confiance. C’est bien à ce niveau que le quinquennat Sarkozy et celui de Hollande n’ont pas convaincu et ont déçu. Tant il est vrai comme le dit le proverbe africain «  Plus le singe monte haut, plus il montre son cul ». La compétition reste ouverte !

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19 novembre 2016

Maurice SZAFRAN La presse n’invente rien, elle a un rôle amplificateur



Conférence débat OMUP le 4 novembre 2016 - Le journaliste est-il par définition engagé ? 





Pour Maurice Szafran l’engagement est d’abord la ligne éditoriale qui peut être une ligne de neutralité. Tous les médias sont donc engagés. C’est particulièrement vrai en France où le modèle est très politique pour des raisons historiques. En résulte-t-il ou non, une influence sur le traitement de l’information ? La réponse est à nuancer, si l’on distingue l’information proprement dite, du commentaire. Le titre retenu, l’annonce, sont souvent significatif de l’orientation donnée par le média. Pour une bonne information, il faut du temps des moyens et de l’argent. Les réseaux sociaux ignorent le temps, les médias réduisent ou manquent d’argent et de moyens humains.
Les médias ont-ils un rôle déterminant dans la formation de l’opinion, comme l’idée est répandue dans une vision complotiste des grands supports radio-télé ?
Maurice Szafran n’adhère pas à cette vision  complotiste : globalement « la presse n’invente rien , elle a un rôle amplificateur » qui peut être jugé excessif (lynchage médiatique). Il ne conteste pas les phases de « bashing » menées notamment dans les affaires judiciaires. Mais relativise leur portée en rappelant la diffusion en kiosque des journaux ou magazines nationaux: Le Point 60 000 exemplaires, Libération 15 000 exemplaires…Il souligne également que le panurgisme, le fait de dire la même chose, est un défaut récurrent de la presse qui n’est pas sans lien avec la concentration des médias aux mains de quelques responsables de grands groupes : Patrick Drahi, Xavier Niel, Bernard Arnault, François Pinault…
« La pensée unique » est la conséquence de cette concentration et du panurgisme des grands médias «  même si Le Point reste surprenant ». L’impact sur l’opinion n’est ni automatique, ni unilatéral. Un exemple évident : le rejet par référendum du traité européen en 2005 à une nette majorité alors que les éditorialistes et grands médias audio visuels quasi unanimes, appelaient à la  ratification. Une illustration supplémentaire est venue de Grande-Bretagne avec le Brexit que la presse ne voulait pas voir (on peut ajouter l’élection du président américain intervenue depuis, et que 95 % de la presse n’avait pas pronostiquée). La place prise par les réseaux sociaux est évidente, pour contrecarrer la pensée unique.
Maurice Szafran constate que la pensée unique évolue de la gauche vers la droite. C’est la droite qui est dominante aujourd’hui. Dans le constat des effets du panurgisme et de l’imitation, il relève les exceptions françaises : Le Canard Enchaîné, centenaire immuable, différent,  et riche ( 120 millions de réserves), Médiapart exemple de pure player qui a trouvé  public et financement, et aussi des journaux ou hebdos qui ont trouvé un chemin et une cohérence ( La Croix, Télérama). Il note également la qualité de la presse hebdomadaire française, jugé «  La meilleure du monde ».

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18 novembre 2016

Bonnes nouvelles du jour

16 novembre 2016

Fiscalité française - revue de presse

Paru le 15 novembre dans le courrier de La Croix ( papier et site)


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14 novembre 2016

Automne à Maulévrier

Parc oriental de Maulévrier près de Cholet, un dimanche d'automne : formidable mise en scène de la nature










Couleurs flamboyantes

Harmonie et sérénité

Hommage aux jardiniers



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9 novembre 2016

Les médias tombent de l'armoire...

Nouveau coup de tonnerre dans le monde médiatique : aussi bien aux Etats-Unis qu'en France, aucun des grands journaux, des grands médias, n'avait anticipé la victoire, somme toute assez large de Donald Trump. Hier soir encore, sur toutes les antennes, malgré le faible écart donné par les sondages ( 3-4 points) aucun commentateur ne donnait le candidat républicain, vainqueur. J'ai ainsi entendu que c'était du 95 % pour Hillary Clinton et du 5% pour Donald Trump...
Dans cette élection, les journalistes et commentateurs avaient depuis longtemps fait leur choix. En l'occurrence un choix moral : Trump était vraiment infréquentable, à l'opposé de toutes les valeurs du politiquement correct. Il était facile de trouver chez lui la petite phrase qui faisait mouche. Comme disait Fouquier-Tinville  accusateur du tribunal révolutionnaire sous la Terreur " Donnez-moi une petite phrase de n'importe qui, et je l'envoie à la guillotine !". Les médias se sont donc intéressés en priorité, aux petites phrases choquantes de Trump - et elles ont été nombreuses - sans vraiment analyser les raisons de la progression constante de cet OVNI politique qui aurait du être davantage au centre de leurs travail journalistique. Les lunettes moralisatrices ont déformé la réalité qui émergeait. L'engagement, "l'esprit de conviction" l'a constamment emporté sur "l'esprit de responsabilité " qui devrait inciter les journalistes à sortir des à priori moraux pour voir la réalité telle qu'elle est, et à quitter aussi le panurgisme, autre travers constant, qui fait dire aux journalistes la même chose que leurs confrères.
Ce constat vient bien en écho de notre débat de vendredi dernier à l'Observatoire des médias avec Maurice Szafran sur le thème Le journaliste est-il par définition engagé ? J'y reviendrai, mais il avait souligné comment pensée unique et panurgisme avaient déjà conduit à de grandes fractures, entre la presse et l'opinion, en 2005 en France avec le rejet par référendum du traité européen et, il y a moins de 6 mois, le Brexit en Grande Bretagne, que personne dans le monde médiato-politique ne voulait voir venir.

OMUP 4/11/16 - Maurice SZAFRAN interrogé par Gérard Salouze et Jean-Claude Charrier

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7 novembre 2016

Les gros salaires de France Télévision

Un récent rapport de la Cour des comptes s'intéresse aux plus gros salaires de France Télévision et au sur-encadrement de la télévision publique ( Rapport 2010-2015 cf. OJIM).
 


Dans ce rapport, les magistrats invitent ainsi la direction à se pencher sur « le contenu effectif des postes occupés par les salariés les mieux rémunérés de l’entreprise ». En effet, 547 salariés du groupe public perçoivent un salaire supérieur à 8 000 euros bruts par mois, dont 191 bénéficient d’une rémunération supérieure à 120 000 euros annuels bruts. Aussi, le coût total des rémunérations supérieures à 96 000 euros annuels bruts s’élève à 69,6 millions d’euros, peut-on lire. Sur le modèle de ce qu’a fait la BBC, la Cour des comptes recommande donc à France Télévisions de réaliser un audit similaire afin d’évacuer ces doutes et de répondre à ces interrogations.
Plus loin, les magistrats s’en prennent à la gestion effectuée par la direction des ressources humaines pendant ces six dernières années. Une gestion « focalisée sur la conclusion de l’accord collectif » en 2013 mais qui aurait, en parallèle, laissé passer des « pratiques contestables », comme le sur-encadrement. Au sein du groupe public, le nombre de journalistes affectés à des fonctions de coordination et d’encadrement est de 26 % en 2015 par rapport aux journalistes de terrain. Le tout sur un effectif qui comptait, en 2014, 10 131 salariés.
Une « disproportion est encore plus marquée au sein de la direction de l’information où ils atteignent 40 %, dont 149 rédacteurs en chef ou rédacteurs en chef adjoint », souligne le rapport. Il y a ainsi trois fois plus de cadres chez France Télévisions, détenu à 100 % par l’État français, que dans les autres entreprises de l’hexagone…

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