30 mai 2016

CGT la lente agonie du XIXe siècle

 Je reprends volontiers le titre de la dernière chronique de Bruno Frappat samedi 28 mai dans La Croix. Particulièrement son dernier paragraphe en guise de conclusion ( provisoire !).

Bruno Frappat rapporte aussi un reportage, que j'ai également vu, d'un face à face sur un barrage entre grèvistes et des "antigrève". Au sujet de ces derniers, un ouvrier faisait remarquer, dans un haussement d'épaule méprisant " Oui mais ce sont des cadres et des ingénieurs !" " Il les poubellisait en quelque sorte, les expulsant du monde du travail." Dommage que le ou la journaliste n'ai pas demandé s'il considérait que les cadres et les ingénieurs étaient ou non des "travailleurs" dignes de la considération de la CGT...

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26 mai 2016

Boualem Sansal réaction

Mon billet sur Boualem Sansal du 22 mai a suscité de la part d'un ami suisse une réaction que je cite et à laquelle j'ai répondu.

"L’article concernant Boualem Sansal suscite, pour moi, deux questions :
1) Un livre qui se vend bien est-il forcément "majeur" ? (…mais c’est peut
être bien le cas de celui-ci).
2) La remarque sur les jeunes réfugiés "… à cet âge, on se bat pour son
pays" est-elle bien appropriée, quand on sait que dans de nombreux pays
(Érythrée, Syrie…) le jeune est enrôlé dans une armée qui massacre ses
propres citoyens ? …et si c’est pour résister à cet enrôlement sans
structure et appui de l’extérieur c’est suicidaire (les résistants Français
que j’ai connu restaient discrets et ne donnaient aucune leçon à cet égard)."


 Je pensais bien que la reproduction des propos de Boualem Sansal susciterait
des réactions, et je comprends bien ton point de vue. Sans partager
pleinement l'opinion de Boualem Sansal sur la place de la jeunesse dans les
migrants, je crois quand même qu'il faut écouter des intellectuels algériens
comme lui ou Kamel Daoud qui font le choix de vivre dans leur pays où il
sont menacés et confrontés à des islamistes dont le poids politique ne cesse
de progresser. Qu'ils souhaitent nous alerter, nous inciter à élargir notre
focale, soit par des interviews ou à travers un livre comme "2084 la fin du
monde"
fable pessimiste - que je n'ai pas lu, mais je vais le faire - me
paraît plutôt une bonne chose.
Au problème des migrants, il n'y a pas de solutions évidentes et indolores,
mais lorsque je vois l'Europe s'en remettre à Erdogan pour nous décharger en
partie de cette question, je pense que nous vivons à courte vue. Quelles
seront les prochaines demandes du futur "Sultan" d'Istambul et Ankara? Pour
paraphraser Mme De Guermantes chère à Marcel Proust à propos de la Chine, je
dirai : " La Turquie - et Erdogan - m'inquiètent " ...
Mais la France aussi...






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L'Humanité comme Granma à Cuba, seul quotidien papier

Tous les quotidiens français ont refusé de céder au chantage de la CGT et des ouvriers du livre qui exigeaient sous peine de non parution, la publication intégrale d'une tribune de Philippe Martinez son secrétaire général. Seul l'Humanité qui en profite pour faire un numéro spécial, est paru aujourd'hui avec bien sûr cette tribune en pleine page.
C'est peut-être un rêve des communistes français d'avoir un quotidien unique comme Granma chez les camarades cubains où  seul le quotidien du parti est autorisé à paraître.
La liberté de la presse et la pluralité des opinions ne sont sans doute pas des valeurs révolutionnaires...

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22 mai 2016

Boualem Sansal invité de Ouest France

Boualem Sansal était l'invité de dimanche Ouest France le 15 mai dernier. Son dernier livre 2084 La fin du monde est l'un des romans majeurs de l'année; il  a été vendu à 300 000 exemplaires et traduit dans le monde entier. C'est un conte voltairien féroce qui fait écho à 1984 et son Big Brother de George Orwell. Mais nous sommes en 2084 en Abistan un empire islamique où l'individu n'a pas le droit de penser mais doit se soumettre, notamment à la charia. L'auteur sait de quoi il parle pour avoir connu le Front Islamique du Salut en Algérie. On peut voir dans ce roman un parallèle hard avec le roman Soumission de Michel Houellebecq qui connaît aussi un grand succès de diffusion.
Dans ses commentaires de l'actualité Boualem Salem parle avec beaucoup de franchise et souvent à contre courant des grands médias. Un exemple à propos des réfugiés.
" Je suis très mal à l'aise avec la question des réfugiés. Je regarde ces gens avec beaucoup de compassion, ils sont dans un état de faiblesse infini. Mais je considère qu'ils doivent rester dans leur pays quoi qu'il arrive. Il y a des possibilités de migration dans son propre pays, la guerre n'est pas partout. Je suis choqué de voir tous ces jeunes qui fuient. A cet âge on se bat pour son pays."
Sévère et certainement discutable mais justement cet aspect n'est jamais discuté. Pourtant que ce soit pour les réfugiés politiques ou économiques l'évaluation précise de la situation des pays de départ est indispensable. Sinon le risque pour les pays d'accueil est lourd et en grande partie insoluble.

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19 mai 2016

La langue des médias : phobie, dérapage, évaluation morale



Extrait d'une récente interview sur le site Atlantico ( plutôt à droite sur l'échiquier presse d'opinion).
Dans son dernier livre, "La langue des médias", l'universitaire Ingrid Riocreux analyse l'emploi exponentiel du mot "dérapage" par les journalistes, ce qui révèle, selon elle, une dérive de ces derniers qui assument de plus en plus une fonction d'évaluation morale.

Destruction du langage

Publié le 20 Mars 2016



Atlantico : Dans votre livre, "La langue des médias", sous-titré "destruction du langage et fabrication du consentement", vous évoquez les mots valises et autres expressions convenues des journalistes. Parmi ceux-ci, l'incontournable "dérapage", qu'on lit et qu'on entend plusieurs fois par jour désormais. Depuis quand et pourquoi, selon vous ?
Ingrid Riocreux : Au sens propre, déraper c’est glisser de manière incontrôlée, accidentelle. Ce qui est intéressant, c’est que, bien avant d’envahir l’espace médiatique, le mot "dérapage" avait déjà acquis dès les années vingt un emploi figuré pour désigner un écart psychologique ou comportemental, une perte momentanée du contrôle de soi. 
Il y a donc, à l’origine, une dimension pathologique dans le dérapage, exactement comme pour la notion de "phobie" qui a, elle aussi, pris une place énorme dans le vocabulaire actuel : islamophobie, homophobie, etc. Justement parce que "dérapage" est une métaphore, le sens de ce mot reste très flou, comme l’est aussi celui des "phobies".
"Dérapage" renvoie, de manière très générale à l’idée d’écart par rapport à une norme. Si l’on regarde avec un peu d’attention dans quels contextes il est convoqué, on constate qu’il désigne un panel très large d’écarts, allant de la petite phrase "sulfureuse" comme ils disent, au geste vulgaire ou violent, en passant par les insultes. C’est large ! Mais le point commun, c’est que tout cela, ce sont des choses "pas bien".

Au-delà du flottement sémantique, on voit donc que l’emploi exponentiel du mot dérapage témoigne d’une dérive du journalisme, qui assume de plus en plus nettement une fonction d’évaluation morale. Or, rien n’est moins objectif qu’une évaluation morale, les notions de bien et de mal étant toujours adossées à un certain système de pensée, une certaine vision du monde, en un mot, à une idéologie. Il est d’ailleurs tout à fait révélateur que la plupart des propos désignés par les journalistes comme des dérapages ne donnent lieu à aucune poursuite judiciaire ou, quand c’est le cas, à aucune condamnation.

Parler de dérapage permet donc, sans en avoir l’air, d’exprimer un jugement moral sur les propos de quelqu’un, mais ce qui est frappant c’est que le journaliste lui-même n’en est pas conscient. Il emploie la notion de dérapage en pensant manifestement qu’il s’agit d’un terme absolument neutre. Laissez-moi vous donner un exemple. Dans son JT de 13h, Jean-Pierre Pernaut dit un jour ceci : "malgré son dérapage sur la race blanche, Claude Bartolone est reconduit à la tête de l’Assemblée nationale". Le 19 décembre, dans son émission On n’est pas couché, Laurent Ruquier commente cette phrase en accusant Pernaut d’avoir ainsi "donné son avis". Réaction de Léa Salamé : "non, Pernaut a raison, c’est factuel !". Pour elle, comme pour Jean-Pierre Pernaut apparemment, un dérapage, c’est quelque chose d’objectif, de factuel.

Intégralité de l'ITW :  http://www.atlantico.fr/decryptage/denonciation-derapages-deux-poids-deux-mesures-que-journalistes-pratiquent-inconsciemment-et-largement-ingrid-riocreux-2630933.html

2 - Bien que les choses ne se situe pas sur un plan idéologique ( bien que...) Je suis agacé par la signification donnée au mot ZAD dans les médias à propos de Notre Dame des Landes. ZAD c'est " zone à défendre" comme l'ont baptisé les opposants et occupants de la ZAD. Sauf que la ZAD qui en urbanisme veut dire Zone d'Aménagement Différé existait déjà dans les années 80, quand les pouvoirs publics faisait déjà l'acquisition des terrains pour le projet de transfert de l'aéroport. Dire que les ZAD est la zone à défendre, c'est de la part de la presse, adopter le point de vue des opposants.
" Mal nommer les choses, disait Albert Camus, c'est ajouter aux malheurs du monde" 

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10 mai 2016

Sadiq Khan nouveau maire de Londres, la presse française caricaturale

L'élection jeudi dernier du nouveau maire de Londres qui a vu la victoire du travailliste Sadiq Khan contre le conservateur Zac Goldsmith a donné lieu dans nos grands journaux radio-télé a un festival de clichés sommaires et manichéens. Le fait que Sadiq Khan soit musulman et d'origine modeste et que son adversaire soit " fils de milliardaire" a été martelé jusqu'à la caricature. D'un côté, la divine surprise, le "bon" candidat d'origine pakistanaise qui en a bavé pour arriver à ce stade et de l'autre, l'enfant gâté, le richissime, ignorant tout de sa ville puisque piègé par une question sur la vie quotidienne en métro. On imagine les priorités dans les salles de rédaction "Coco ça va faire la Une, on ne parle pas de politique, par contre tout sur le sociétal ! En plus il est musulman, tu va voir le buzz !" . J'ai en tête l' intervention d'une envoyée spéciale de BFM TV absolument caricaturale dans ce schéma, les "bons" contre les "méchants"... Le monde est tellement plus simple ainsi.

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Bordeaux champion des croisières








Les Transbordés ont fait des propositions pour promouvoir la vocation croisière de Nantes. Cette info montre que Bordeaux a une belle longueur d'avance.

Du centre-ville au Verdon, en passant par le terminal de Bassens, le port de Bordeaux connaitra
en 2016 une activité record dans le domaine de la croisière. Pas moins de 50 paquebots y sont
 attendus cette année, pour plus de 80 journées à quai, la capitale girondine accueillant de
nombreuses escales en « overnight », c’est-à-dire avec deux jours et une nuit sur place.
En tout, il y aura 10 escales inaugurales, dont celles de L’Austral de Ponant et du Viking Star de
Viking Ocean...

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